Catégories
Médias U.S.A

The Strategist

 Ambar Pardilla , dans The Strategist du 14 mai, fête, parmi sa sélection de 53 chaussures estivales , Plasticana Jelly Fisherman Sandals. Je reviendrai un jour sur cette appellation de « sandale de pêcheur », vu que ce n’est pas du tout le secteur que visait son inventeur ! Donc un peu d’histoire me semble nécessaire et je me fais un plaisir de présenter ,ici, les raisons de la longévité de ce modèle créé en 1946 et mis en version Plasticana depuis 2001 :

Le rôle de la PASSION dans le succès durable de certains objets et matériaux.

PASSION DE LA DECOUVERTE D’UN NOUVEAU MATERIAU

C’est bien de passion animée par un esprit d’adaption farouche qu’il s’agit puisque l’ on doit la création de ce modèle de chaussure à une famille de … coutelier installée dans le village des Sarraix près de Thiers (Jean Dauphant et fils, marque « Bouton d’Or »)) . Ce « parcours du combattant »  commença dans la terrible période  de pénurie des matériaux pendant la seconde guerre mondiale nécessaires à la composition des manches de couteau  (bois et corne ). Par bonheur, un nouveau plastique commençait ,lui ,sa production près de Lyon à Saint Fons par le groupe St Gobain ( dont une des nobles applications était le calandrage de feuilles transparentes pour remplacer les vitres cassées lors des bombardements) ..Ce groupe lui fournira même une préparation adaptée  au moulage de la semelle et des brides… 

PASSION D’INVESTIR UN NOUVEAU SAVOIR FAIRE

Cette bascule dans un autre monde d’objets, l’atelier Dauphant (qui ne cessera la coutellerie qu’en 1962)  la doit à la pénurie d’un autre matériau: le cuir…  Celui ci servait à limiter l’usure de la semelle en bois des sabots en le fixant comme un crampon  devant et au niveau du  talon …son atelier proposa donc des crampons en PVC et connut son premier succès commercial ce qui permit au « virus » du métier de chausser l’humanité de s’installer dans la pensée de l’inventeur !

Ainsi , le succès de cette première application , l’idée de faire une semelle robuste et anti dérapante (avec le dessin minimaliste de picots) lui est venue pour remplacer la semelle en bois des galoches et de l’assouplir pour en faire un modèle « tout terrain »: la simplicité d’un tressage de brides pour tenir le pied a conduit au dessin le plus simple possible d’une sandale : c’est un merveilleux exemple du design auto- didacte  « by doing we learn » /c’est en faisant que l’on apprend  » ( principe exalté par le pionnier de l’écologie humaniste Patrick Geddes au début du 20 ieme siècle ..)

Le succès fut phénoménal car le modèle correspondait exactement aux demandes de la clientèle évoluant dans les territoires où régnent la mousson et la chaleur ,donc demandant des matériaux hydrophobes et ne pourrissant pas et ,cerise sur le gateau, moins cher que les versions en caoutchouc  : 80 % des ventes allaient dans les territoires d’outre mer  de Tahiti en Afrique…ce qui explique  que furent renvendiquées 200 millions de paires vendues , au 50ieme anniversaire par les descendants de Jean Dauphant (décédé en 1980) !!

PASSION HEREDITAIRE POUR UN SAVOIR FAIRE

On ne doit la durabilité du modèle jusqu’à 2025 qu’à l’abnégation du groupe familial Humeau  de Beaupreau dans le Choletais depuis 1895 qui a racheté les précieux moules lors du dépôt de bilan de son fabricant auvergnat en 2003…les préservant ainsi de l’appropriation par les concurrents internationaux ..Grace à ce combat gagné pour préserver les bases de l’identité légendaire de la sandale , il peut  depuis développer avec succès la marque Méduse dument protégée…(tout comme  la marque Plasticana qu’il a acquis dès 2008 pour le secteur de la Chaussure )

PASSION POUR LE MATERIAU AVEC LE CHANVRE ….

En tant que promoteur du chanvre dans les matières plastiques ,j’avais élu puis commercialisé dès 2001 cette sandale comme le premier objet pouvant incarner au mieux un des grands principes de la marque Plasticana : la recyclabilité du produit fini.

Mais jamais je n’aurai pu édifier les fondements de la marque Plasticana sans la passion animant un groupe d’agriculteurs français qui, pour répondre aux demandes de l’industrie papetière en chanvre suite au tarissement des déchets textiles végétaux, a développé cette culture  investi dans les années 1960  …

C’est donc à partir de leur patrimoine à savoir décortiquer les tiges de chanvre en fibres que j’ai pu demander en 1997 des échantillons de fibres affinées à La Chanvrière de l’Aube  et faire les premiers essais aux normes de leur nouveau monde : la plasturgie.

La passion a bien été l’ingrédient psychologique pour permettre la formation de cette Légende en marche qu’est la sandale Méduse jusqu’à sa version PLASTICANA . A.R

Pour lire l’article :

https://nymag.com/strategist/article/best-womens-sandals.html#fisherman